La maison des nobles

[Durandill]

La chambranle de la porte du bureau de l'ambassadeur était désormais orné de deux sphères colorées, une verte et une rouge, fixées à un panneau de métal ou semblait disparaître des fils de cuivre. Quand Adelheidy frappa, un grésillement se fit entendre, puis la sphère rouge s'éclaira, avant de s'éteindre pour laisser la place à la verte, qui clignota plusieurs fois avant de se stabiliser.

Durandill était revenu une semaine auparavant d'un "voyage diplomatique" à Dun Morogh, durant lequel il s'était entretenu avec plusieurs ingénieurs gnome. Il avait ramené avec lui plusieurs ouvrages et s'était remis à bricoler dans son bureau comme il en avait pris l'habitude depuis que sa voix lui avait été arrachée en Drustvar.

Les deux sphères étaient apparues la veille, et l'intendante était la première à frapper à cette porte depuis.

A l'intérieur, Durandill attendait de voir si la porte allait s'ouvrir, ou s'il allait devoir user de sa cloche pour signifier qu'il était disponible.

[Adelheidy Hamar]

Le drôle de dispositif sur le côté de la porte intrigua la prêtresse, et quand les lumières s'allumèrent, elle supposa qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur, alors, elle poussa le battant et entra. Elle avait un grand sourire et l'air curieux.

- Bonjour Durandill, c'est un bien curieux dispositif sur votre porte. J'ai vu clignoter la lumière, alors j'ai pensé qu'il y avait quelqu'un derrière, j'espère que je ne vous dérange pas.

Elle avança jusqu'au bureau, et entreprit d'expliquer sa venue.

- Un jeune noble de Hurlevent vient de frapper à nos portes, avec la mission de recenser les nobles de l'Alliance. Il m'a montré le document officiel, portant le sceau de sa famille et celui des Wrynn. Il ne me l'a pas laissé, mais ils m'ont eu l'air authentiques, en tout cas pour celui de la famille royale. Ce noble est le fils du Comte de Timerius, un certain Velan, peut-être en avez-vous déjà entendu parler.

- Enfin, le document stipule que le roi veut mettre à jour le registre de noblesse de l'Alliance après la fin de la Quatrième Guerre, et que tout seigneur ou dame des autres royaumes que celui de Hurlevent sont invités à se faire connaitre. Le but étant, d'après ce Velan, de redynamiser la vie de la cité et de l'Alliance, par des galas, des diners et autres rencontres politiques et diplomatiques.

Elle porta la main à son menton.

- Je lui ai évidemment signifié que nous avions aussi nos propres devoirs ici dans le Nord, ce à quoi il a rétorqué que lui même étant originaire de Stromgarde, il pensait important que tous les royaumes soient représentés en ville. J'avoue que ça m'a rappelé les buts d'Héritage, quant à la persistance de la culture du Nord même dans les royaumes du Sud.

Elle sourit alors au nain.

- Je voudrais votre avis sur la question, devons-nous lui donner la liste de nos hommes d'ascendance noble ? Ou simplement demander à chacun d'eux de répondre, ou non, à la requête ? Après tout, je ne crois pas que nous comptions un seul noble hurleventin dans nos rangs, et selon la formulation de la requête, chacun est libre de se manifester, ou non.

[Durandill]

Durandill n'eut pas à attendre longtemps, ce qui le rendit de bonne humeur. Le système n'était toutefois pas très explicite, il pris note mentalement d'ajouter une note sur la porte du bureau pour les explications, et fit signe à Adel d'approcher.

Le nain écoute les explications de l'intendante avec attention, réfléchissant aux implications. Que la maison des nobles s'intéresse à l'Ost semblait bien étrange, vu le peu d'intérêt que l'ordre à la cloche avait suscité pendant des années, mis à part pour demander combien de temps encore Hûrlevent devrait soutenir ces exilés.

A part Lomah, qui était restée à dans la capitale humaine, et qui était sans doute friande de galas, il ne voyait pas non plus qui cela pourrait intéresser.

Il attrapa son ardoise et un morceau de craie et griffonna (humour wildhammer) : "Je veux voir le sceau royal. Pour être sûr."

Il la montra à l'humaine avant d'effacer le tout d'un coup de chiffon et d'écrire : "Vu l'heure, proposons lui de rester pour la nuit. Aurys voudra sans doute le rencontrer. Souper à la table des officiers, tout ça. Ça nous laissera le temps d'informer nos nobles."

Il attendit la réaction d'Adelheidy d'un air qui voulait clairement dire "'qu'en pensez-vous?".

[Adelheidy Hamar]

Adelheidy regardait le nain d'un air entendu. Il avait clairement plus sa place qu'elle en tant que diplomate, elle n'était pas mécontente de finalement s'être retrouvée à s'occuper de l'intendance. Elle acquiesça à sa demande de voir le sceau, elle aussi le souhaitait, d'ailleurs. Puis elle répondit à sa proposition.

- Ma foi, c'est une très bonne idée. Je vais de ce pas aller l'inviter, lancer les préparatifs du repas et faire préparer une chambre. J'imagine que vous préférez que je passe voir la Connétable au passage pour la mettre au courant de la situation. Vous pourrez vous occuper de consulter nos nobles. Ça vous convient ?

[Durandill]

Dur hocha la tête. Il ajouta par écrit sur son ardoise : "Je vais aller voir nos gens de haute lignée et leur résumer la situation."


Joignant le geste à l'absence de parole, il attrapa un parchemin et une plume, tout de même plus pratique pour ce qu'il s’apprêtait à faire, et s'interrompit. Il repris l'ardoise.

"Ce noble, accompagné ? Une escorte ?"

Il montra une carte de la région accrochée au mur, ou le mot "Maleterres" était bien visible. Un noble d'Hurlevent s'aventurant seul dans la région, Durandill n'y croyait pas, sauf s'il était arrivé en griffon jusqu'à un poste tenu par l'Aube d'Argent et que les paladins l'avaient escorté.

"Qu'un soldat aille discuter avec l'escorte. Même rang. Parlera plus facilement."

Son impossibilité à communiquer par la voix l'avait rendu laconique par écrit, c'était une évidence.

[Adelheidy Hamar]

Adelheidy lut les paroles du nain, et lui répondit.

- Il est accompagné un soldat de la garde Hurlevent, un costaud, et de son page, visiblement. Un garçon d'une douzaine d'année. Je ne lui ai pas demandé comment il était venu jusqu'ici, mais ce pourra-t-être un sujet de conversation au dîner.

Elle hocha la tête.

- Je prends note, j'enverrai quelqu'un. De toute manière, ce garde devra bien se nourrir, il ira manger avec nos hommes.

Souriante, elle se tourna vers la porte, non sans avoir salué Dur. Elle se retourna pour un dernier mot avant de partir.

- Merci, Durandill.

Et elle sortit de la pièce, pour se diriger tout droit vers la porte du bureau de la Connétable. Elle frappa, et attendit la réponse de sa supérieure.

[Savera]

Pendant ce temps au réfectoire, une Savera fatiguée après une patrouille plus longue que la normale rentrait dans le lieu de vie commune. Une Draenei de deux mètre dix, cent cinquante kilos en comptant l'armure de plaque dans laquelle elle passe sa vie, le casque à la ceinture, une tête couverte de brulures façon deadpool, prends subitement place dans le mess et commence à se préparer à manger avant de réagir qu'il y a un nouvel arrivant.

Bonjour, vous attendez quelqu'un? entama t'elle joyeusement, puis d'un air beaucoup plus sérieux elle continua : Je vous demanderai d'éteindre ceci, on ne fume pas à l'intérieur.

[Velan]

Lorsque la Draenei arriva, Velan était plongé dans un parchemin.
Lorsqu'elle s'adressa à lui, il leva les yeux vers elle et lui adressa son plus beau sourire ....
Il a toujours su ne pas tenir tête aux plus costaud, surtout chez eux ... mais face à une personne de rang inférieur et non-humaine ...

Il tira deux grandes bouffées de tabacs en fixant la draenei puis éteint proprement son cigare avant de le donner au garçon se trouvant derrière lui.

_ Bonjour, Dame Hamar ne devrait pas tarder à revenir.

[Velan]

Velan regarda la Draeneï, puis le chemin par lequel l'intendante s'était éclipsée.
Il soupira d'un air las et se replongea dans son parchemin, ignorant très poliment, mais distinctement, le colosse face à lui.
Derrière lui, le jeune garçon restait impassible.

[Aurys]

La réponse arriva rapidement - trop, peut-être, au goût d'Adelheidy. Celle-ci avait à peine frappé à l'huis que la porte s'ouvrait à la volée. L'Intendante tomba nez à nez avec sa supérieure qui, vêtue de pied en cape d'une élégante tenue de chasse, sembla tout aussi surprise qu'elle de cette rencontre.

Adelheidy, fit-elle d'une voix où perçait une pointe d'ennui. J'espère que vous ne venez pas m'annoncer que le Beffroi est attaqué. J'attends cette partie de chasse depuis le début de la semaine.

[Adelheidy Hamar]

Adelheidy eu un pas de recul quand la Connétable ouvrit la porte à la volée. Elle ne montra pas de signe de surprise quand sa supérieure lui annonça partir pour la chasse à cette heure tardive, mais ces paroles la décontenancèrent une seconde.

- Je... non. Non, nous avons de la visite, mais nettement moins belliqueuse. Enfin, je crois, pensa-t-elle. Un fils de comte, Messire Velan de Timérius, et son escorte viennent d'arriver de Hurlevent pour le compte de la Maison des Nobles. Cette dernière effectue un recensement des nobles de l'Alliance et demande à toute personne répondant à ce critère de se manifester afin de "redynamiser la vie de la cité et plus globalement de l'Alliance", selon les termes de la missive officielle.
J'ai donc fait part de cette requête à Durandill, qui est parti en informer les nobles dans nos rangs. Mais il m'a aussi fait remarquer qu'en raison de l'heure tardive, nous allions lui proposer de passer la nuit dans nos murs, et que l'ont pourrait donc l'inviter à la table des officiers pour le repas du soir. Vous pourriez alors le rencontrer, et en savoir plus sur cette campagne de recensement.

Elle regardait la Connétable d'un air patient, avec un sourire neutre. Elle avait tenté de résumé au maximum, tout en essayant de garder les informations essentielles. Que l'annonce plaise ou non à sa supérieure, elle n'y pouvait pas grand chose.

[Aurys]

Un soupir à fendre l'âme traversa furtivement les yeux de la Connétable - ainsi que l'envie, encore plus fugace, de renvoyer l'Intendante à son potager.

Pour autant, c'est avec calme qu'elle répondit.

Si Durandill a proposé de recevoir dignement notre hôte, nous ne pouvons que nous fier à lui. Faites donc donner les ordres nécessaires, si ce n'est déjà fait. Instruisez nos officiers de la nature de la chose : ce n'est en rien une invitation, mais une réquisition. Et qu'ils n'hésitent pas à s'arranger un peu : certains ont pris de mauvaises habitudes à force de vivre loin de la grande ville.
Quant aux cuisines, qu'elles arrangent un peu l'ordinaire avec du gibier - le mot mourut un instant sur les lèvres d'Aurys -, et qu'on mette en perce un tonneau de vin de ma réserve personnelle.

Je vous rejoindrai à l'heure du dîner.

[Adelheidy Hamar]

Adelheidy acquiesça d'un signe de tête.

- Bien, Madame, je m'en occupe tout de suite.

Elle prit alors congé de sa supérieure, et partit dans les couloirs de la Commanderie pour mettre ses collègues officiers au courant de la soirée qui se préparait. Elle les informa du côté obligatoire de leur présence, et insista sur l'importance de leur mise. Enfin, à ceux pour qui c'était nécessaire. Puis d'un pas rapide et décidé, elle se rendit aux cuisines, pour faire préparer un repas digne de la table des officiers selon les directives de la Connétable. En passant, alors qu'elle croisait écuyers et chevaliers, elle les mit au courant qu'ils partageraient leur repas avec l'escorte d'un noble hurleventin, et qu'elle comptait sur eux pour engager la conversation avec ces hôtes. Elle savait que les plus perspicaces d'entre eux comprendraient le sens caché de ses paroles. Elle envoya aussi des pages préparer une chambre pour le noble.

Avant de pénétrer à nouveau dans la salle commune, elle lissa sa robe et vérifia ses cheveux. Non qu'elle soit particulièrement apprêtée, mais dans ce genre de circonstances, l'apparence comptait, et il fallait bien s'y plier. Puis elle entra dans la pièce, et se dirigea sans hésitation vers la table de Vélan. Avec un sourire des plus engageants et demandant à Savera de les laisser d'un geste discret, elle s'adressa à lui de la manière la plus courtoise qui soit.

- Désolée de l'attente, Messire. Notre ambassadeur s'occupe actuellement de porter votre requête aux nobles de nos rangs. Cependant, je crains que cela prenne un peu de temps, et il serait contraire à toute bienséance de vous laisser repartir de nuit dans ces terres hostiles. J'ai fait préparer une chambre pour vous, et votre escorte si vous le désirez, et vous êtes évidemment convié à un repas à la table des officiers, ce soir. Notre Connétable brûle d'envie de vous rencontrer, et j'imagine que la réciproque est vraie. Je vous compte parmi nous ?

La question était, elle le pensait, rhétorique, mais devait la poser. Toujours agréable et aimable, elle continuait de regarder l'homme en face d'elle comme son mentor le lui avait appris, à la manière dont le font les diplomates pour mieux cerner leur interlocuteur.

[Velan]

Voyant l'intendante arriver, Velan enroula son parchemin et se leva avec un grand sourire.

_ Effectivement, j'attends avec plaisir cette rencontre et ce sera un honneur de me joindre à la table de vos officiers.
Parfait pour l'escorte, quant à mon page, il dormira dans ma chambre, répondit-il avec un sourire honnête.

Après un lèger silence, il reprit :
_ Vous pourrez me mener à mes quartiers que je me rafraichisse avant de rencontrer Dame de Nor Laedro ?

[Adelheidy Hamar]

Adel ne marqua aucune réaction face à l'impolitesse de l'homme en face d'elle. Elle continua de sourire aimablement comme elle avait si bien appris à le faire, mais ne manqua pas de noter l'arrogance et la suffisance du noble. Ce n'était pas surprenant, de toute manière.

- Bien sûr, si vous voulez bien me suivre.

Joignant le geste à la parole, elle se retourna et avança dans le couloir. Elle mena Velan à l'étage jusqu'à une chambrée de six lits, sur lesquels des pages finissaient de tendre des draps. Elle montra la pièce d'un geste du bras.

- Ce n'est pas le confort d'un hôtel particulier hurleventin, mais j'espère que ça vous conviendra. Je vais faire porter une bassine d'eau chaude, si vous le souhaitez. Nous vous feront prévenir quand le repas sera prêt.

Elle se tourna vers l'homme, souriante.

- Profitez-en pour vous reposer, les voyages dans les Maleterres sont généralement éprouvants. Je vais vous laisser, à moins que vous ayez des questions.

Les pages venaient de terminer leur tâche, et sortirent de la chambre alors que la jeune femme finissait de parler.