Il y avait en Azeroth des hommes et des femmes qui voyageaient à dos de cheval, à dos de griffon, ou pour les plus chanceux, en empruntant un portail magique produit par un magicien. Mais tout ce que pouvaient espérer les gens comme Bragon, c’était d’avoir une bonne santé, et une bête pas trop rétive pour alléger ses fardeaux. Grâce aux cieux, il avait la première, et avait pu se fournir l’autre en vendant quelques outils. Cela faisait une demi-douzaine de jours que Bragon était sur les routes.
Après avoir gagné Forgefer et acheté une de ces chèvres robustes (Narcheska, de son nom) que l’on élevait dans le froid pays comme animal de bât, il s’était élancé vers les chemins menant au Nord.
Pourquoi le Nord ? Une carrière l’aurait attendu en tant que marin, la Marine Royale cherchait des matelots à n’en plus finir. Rien ne l’empêchait non plus de brailler son nom au premier recruteur venu de l’Armée, où il aurait été enrôlé à coup sûr. Mais Bragon aspirait à partir loin, et son imagination, bien que fertile, souffrait des lacunes courantes des ignares ; jamais il n’aurait pensé voyager loin autrement que dans le Nord. Le Nord. Lordaeron. Cette terre lointaine appartenait presque au registre de la légende, pour lui. Une région lointaine et totalement inconnue était pour lui idéale pour un nouveau départ, peu importe les fruits sombres et amers qu’offraient cette terre.
C’était avec un certain enthousiasme qu’il s’était mis en route, et les premiers jours furent idylliques. Sa volonté était ferme, et à chaque pas, il découvrait de nouvelles choses. Mais Bragon était d’une nature telle qu’il n’arrivait jamais vraiment à y croire, c’était toujours trop beau.
Les vasières et fondrières gluantes des Paluns n’eurent pas raison de sa détermination, mais rendirent folle Narcheska, harcelée par des taons, sangsues et autres vermines piqueuses. La pauvre bête finit par se noyer, happée par un de ces pièges naturels formée par la boue traîtresse de la région, emportant avec elle une bonne moitié des provisions et de l’équipement de Bragon. Perdu et désolé pour sa chèvre, il tourna en rond un jour durant, angoissé et incapable de se repérer dans cet horrible marécage, avant de retrouver un chemin.
Après avoir bivouaqué sur l’époustouflant Viaduc de Thandol, Il fit au matin la déplaisante connaissance d’une vilaine poule sans plumes, qui le regardait d’un drôle d’air avec ses grandes dents. Il resta caché de longues heures durant, hors de portée du reptile affamé, jusqu’à ce que le prédateur se lasse et reparte vers des proies moins prudentes.
Une pluie invraisemblable assomma le gaillard tout le long de sa traversée des Hautes Terres Arathies, où il fit plusieurs pauses sous des masures en ruine ou des grottes naturelles, afin de retrouver un peu l’idée du sec. Hélas, il se fit dérober ses dernières provisions par une bande de Kobolds territoriaux, et l’infortuné bougre dû battre en retraite en leur criant des insultes à propos de bougies et des endroits où elles auraient leur place.
Désormais muni d’un bâton pointu, il traversa le Mur de Thoradin, son émerveillement pour l’ouvrage quelque peu refroidi par la pluie, obstinément battante. De là, il se perdit à nouveau, dans les collines et les bois clairsemés de la région dont il ne connaissait rien. Il tourna à nouveau en rond, affamé, et se rendit malade avec des racines de terrestrine, qu’il avait confondu avec les nourrissants tubercules de viétérule qu’il connaissait pourtant bien. Plusieurs jours plus tard, Bragon trouva finalement le chemin du Nord, et un refuge désert. Il s’y écroula dans de la paille peu fraîche, à bout de forces, et s’endormit, assez épuisé pour oublier sa faim et son désespoir.
Au matin, une cruche de lait fermenté, des pommes et quelques morceaux de pain sec l’attendaient près de sa couche. La veille, il était persuadé de crever au bord de la route, de faim ou d’épuisement, et voilà que d’un déjeuner lui tombait du ciel… Était-ce la Lumière qui lui envoyait ces denrées salvatrices ? L’acte désintéressé d’un improbable voyageur ? Il n’eut jamais la réponse, mais il se tortura longtemps l'esprit pour essayer de comprendre. En tout cas, c’était tout ce qu’il lui fallait pour poursuivre son chemin.
Il marcha vers l’Est, et, ce qui frappa le plus le voyageur, c’était le silence. Pas un bruit ne troublait l’oppressant silence de ces terres désolées. Un silence tel qu’il vrillait les tympans. Lui qui n’avait jamais quitté Elwynn, où les animaux et les hommes étaient abondants, ce silence le mit profondément mal à l’aise. Le long du lac Darrowmere, à travers les champs désolés où plus rien de sain ne poussait depuis des années, à travers les tristes cadavres de villages, à travers les arbres morts où plus un oiseau ne chantait, toujours ce silence intenable et ce ciel de plomb.
Il finit par atteindre le fameux beffroi, qu'il lui fallait atteindre pour rejoindre l'Ost.
“Hé ben… Ca ne paie pas de mines, dis donc”, pensa-t-il, un peu inquiet. En effet, il avait face à lui une espèce de tour moins en ruine que les autres, portant encore la bannière de Lordaeron, et entourée d’une palissade défoncée, et de quelques parodies de maisons mortes. Mais, il y avait des gens, là dedans.
- “Ohé ?” fit Bragon, avec un geste de la main. Les silhouettes qu’il avait aperçues arrêtèrent ce qu’elles faisaient pour se diriger vers lui. L’un d’eux essaya de lui dire quelque chose, mais le voyageur était un peu loin.
- “Hein ?” lança-t-il, fronçant les sourcils et penchant un peu la tête. Il commençait à venir à leur rencontre.
Puis il se figea brutalement, sentant soudainement les poils de sa nuque se dresser.
Ce qu’il avait pris pour des sentinelles étaient des cadavres, de ces décérébrés ignobles mais un peu lents, qui ne représentent que du menu fretin pour n’importe quel aventurier chevronné. Mais c’était une première pour lui. Les carcasses titubaient chaotiquement vers lui, éructant un râle épouvantable, avides de planter leurs dents nauséabondes dans sa chair. Bragon eut un bref cri inarticulé de terreur, tituba, puis couru à toutes jambes pour fuir les zombies. Il ne s’arrêta de courir qu’une fois à bout de souffle, mais son cœur ne s’arrêta de tambouriner dans sa poitrine que plusieurs heures après.
Tremblant, il posa ses fesses sur une grosse pierre, et repris son souffle et ses esprits. “Maintenant, c’est trop tard. Tu peux plus revenir en arrière”, se dit-il. “Voilà où ça t’a mené, tes idées de con”. Une fois calmé, il regarda ses mains. Il ne savait pas qui étaient ses parents, il ne savait pas vraiment son âge, ni même si son nom était vraiment le sien. Ce n'était pas guerrier, et encore moins un savant. Mais il était absolument certain d'une chose : il savait se servir de ses mains. Elles étaient grandes, solides, adroites. Des mains fortes, des mains utiles.
Pourquoi pas ici, dans le Nord, où on avait besoin de toute l’aide possible ? “Allez, tu peux le faire”, se dit-il. Et il repartit vers l’Est.
Ce n’est qu’en fin d’après-midi, quand la lanterne glauque, pâle et froide qui servait de soleil commençait à se coucher, que Bragon arriva aux abords du rempart du Beffroi, le vrai, cette fois.
Bragon était un individu absolument effrayant au premier abord. Très grand, musclé comme un taureau, ses avant-bras monstrueux étaient terminés par des mains larges comme des pelles, pleines de cicatrices d’ouvrier et aux cals rudes. La quasi intégralité de son visage était cachée par une barbe hirsute, touffue, dissimulant sa prodigieuse laideur en ne laissant apparaître que deux yeux couleur boue. Ses cheveux longs, noirs, épais et emmêlés tombaient pesamment sur ses épaules incroyablement larges sans égard pour l'esthétique. Ses bras effrayants, tout comme son torse, étaient couverts de poils longs, noirs, entortillés et drus comme ceux d'un sanglier de Dun Morogh. On ne pouvait pas vraiment parler d'une "force de la nature", car son corps était bouffi par les muscles, grossier, presque difforme, à tel point que cela semble anormal, contraire à l’harmonie d’un corps humain.
Du haut des remparts, on aurait dit une chimère grossière entre un ogre et un gorille, trempée et couverte d’une cape misérable et d’un sac presque vide, pendant lamentablement à son épaule par la dernière sangle valide. Remarquant les factionnaires, il leva une de ses énormes mains pour faire montre de ses intentions pacifiques, et attendit qu’on lui dise quoi faire. Il était exténué, trempé, et n’avait plus rien à se mettre sous la dent. Mais il y était arrivé. Il y était arrivé.
[Candidature acceptée] Bragon
Re: [Candidature] Bragon
D'un coup, le démon s'écrasa sur le dos du malheureux de tout son poids, le plaquant au sol par surprise. Sa main gauche bloquait la tête de sa proie au sol tandis que l'autre dévoilait une lame acérée, prête à le punir au moindre geste.
Les entraînements de l'Illidari avait repris de plus belle : il sillonnait les environs dès qu'il le pouvait, pour se détendre ou juste oublier. Un exutoire à la torture qu'il s'infligeait pour résister à la Lumière de ses camarades. Il le devait.
Cependant, la victime qui gesticulait sous son corps semblait différente des créatures macabres des environs. Alors, il approcha lentement son visage du monstre et le renifla intensément.
Etrange, pensa-t-il.
Hum... Tu ne sens pas la mort, mon ami... Qu'es-tu ?
Les entraînements de l'Illidari avait repris de plus belle : il sillonnait les environs dès qu'il le pouvait, pour se détendre ou juste oublier. Un exutoire à la torture qu'il s'infligeait pour résister à la Lumière de ses camarades. Il le devait.
Cependant, la victime qui gesticulait sous son corps semblait différente des créatures macabres des environs. Alors, il approcha lentement son visage du monstre et le renifla intensément.
Etrange, pensa-t-il.
Hum... Tu ne sens pas la mort, mon ami... Qu'es-tu ?
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Re: [Candidature] Bragon
Alors que Bragon s'attendait à ce que les sentinelles lui fassent signe en retour, et qu'on lui crie des instructions, son horizon bascula brutalement pour être remplacé par un ciel uni de terre molle. Sur le coup, il n'eût même pas le temps d'avoir peur, seulement d'avoir mal, vraiment très mal.
A demi assommé, heurté en plein souffle alors qu'il allait héler les sentinelles, il toussa douloureusement, puis émit un grognement pâteux, immobile comme une grosse carpe abandonnée sur le lit d'une rivière.
"Qu'est-ce que c'est que ce foutoir ?" pensa-t-il, inquiet, incapable de déchiffrer la question de la chose lourde et menaçante qui lui pesait sur le dos. Il tenta instinctivement de se lever - et, en se faisant soulever, le cornu eut une mesure de la force aberrante que le pauvre bougre pouvait développer - mais il abdiqua quand le guerrier démoniaque insista sur sa prise savante, forçant la rencontre de sa joue et du sol.
- Hurf ! hoqueta-t-il. La surprise céda la place à la peur, et sa grosse voix rocailleuse lança pêle-mêle :
Mais merde, à la fin ! J'vous ai rien fait, quoi ! J'suis qu'un bûcheron, moi ! et il s'embrouilla, toussa et bafouilla, lançant confusément à son tortionnaire qu'il ne cherchait pas querelle et qu'il était venu ici pour aider, que s'il avait été au courant de l'accueil, il serait sans doute resté chez lui à couper des arbres. Il avait peur et était désorienté, choqué par la brutale apparition.
Il y avait définitivement un accent rural typiquement Elwynien dans ses éructations, et le chasseur de démons, désormais proche de sa "proie", eut conscience de s'adresser à un ce qui ressemblait à un humain. Un humain absolument hors norme, contrefait et d'une laideur extraordinaire, mais à un humain tout de même...
A demi assommé, heurté en plein souffle alors qu'il allait héler les sentinelles, il toussa douloureusement, puis émit un grognement pâteux, immobile comme une grosse carpe abandonnée sur le lit d'une rivière.
"Qu'est-ce que c'est que ce foutoir ?" pensa-t-il, inquiet, incapable de déchiffrer la question de la chose lourde et menaçante qui lui pesait sur le dos. Il tenta instinctivement de se lever - et, en se faisant soulever, le cornu eut une mesure de la force aberrante que le pauvre bougre pouvait développer - mais il abdiqua quand le guerrier démoniaque insista sur sa prise savante, forçant la rencontre de sa joue et du sol.
- Hurf ! hoqueta-t-il. La surprise céda la place à la peur, et sa grosse voix rocailleuse lança pêle-mêle :
Mais merde, à la fin ! J'vous ai rien fait, quoi ! J'suis qu'un bûcheron, moi ! et il s'embrouilla, toussa et bafouilla, lançant confusément à son tortionnaire qu'il ne cherchait pas querelle et qu'il était venu ici pour aider, que s'il avait été au courant de l'accueil, il serait sans doute resté chez lui à couper des arbres. Il avait peur et était désorienté, choqué par la brutale apparition.
Il y avait définitivement un accent rural typiquement Elwynien dans ses éructations, et le chasseur de démons, désormais proche de sa "proie", eut conscience de s'adresser à un ce qui ressemblait à un humain. Un humain absolument hors norme, contrefait et d'une laideur extraordinaire, mais à un humain tout de même...
Re: [Candidature] Bragon
Eden inclina légèrement la tête, accentuant son état de surprise. Son regard se perdit ensuite en direction du Beffroi.
Un bûcheron ? Hum ça pourrait nous être utile…
Edenhor écarta son arme et s'éloigna de quelques pas. Il avait senti la peur de sa victime parcourir le long de son échine. Comment cet être, avec un tel gabarit, pouvait avoir peur pour si peu…? Ce n'était définitivement pas un guerrier, pourtant il pourrait avoir un grand potentiel. L'Illidari imaginait déjà le genre d'entraînement qu'un tel corps pouvait supporter avant de se briser…
Revenant d'un coup à la réalité, il scruta les environs, légèrement inquiet.
Je sens que je vais encore me faire disputer moi… Peut être que si je disais qu'au loin je l'ai pris pour un de ces cadavres boursouflés à force de croupir au fond d'une mare… Humpf…
Il rangea subitement ses armes, se fit bien droit avant de saluer, comme le sergent Balduin lui avait enseigné, puis posa une main sur son plastron. Il s'était finalement habitué à se couvrir et portait désormais une armure sur la majeure partie de son corps. Un heaume caché le haut de son visage, notamment pour y dissimuler ses yeux percés.
Bienvenue au Beffroi de l'Ost Pourpre, je suis Edenhor. Pardonnez-moi pour cet accueil, je… je n'ai pas une très bonne vue.
Il afficha un léger sourire suite à ce petit trait d'humour avant d'enchaîner.
Je vous ai pris pour l'une de ces horreurs que l'on croise dans les environs...
Il s'approcha à nouveau de l'homme pour ramasser les quelques affaires qui s'étaient éparpillées ; en cause : un premier contact peut-être un poil brutal.
Tenez ! Vous ne semblez pas posséder grand chose mon ami. Recherchez-vous un abri pour la nuit ?
Edenhor pointa du doigt une direction un peu plus au nord.
Il y a une chapelle par là, elle vous offrira le gîte et le couvert contre un peu d'aide, à moins que vous ne soyez pas égaré.
Le démon s'approcha du bûcheron et lui ouvrit le passage vers les grandes portes d'un geste de la main.
L'Ost peut-il vous aider d'une quelconque manière, mon ami ?
Un bûcheron ? Hum ça pourrait nous être utile…
Edenhor écarta son arme et s'éloigna de quelques pas. Il avait senti la peur de sa victime parcourir le long de son échine. Comment cet être, avec un tel gabarit, pouvait avoir peur pour si peu…? Ce n'était définitivement pas un guerrier, pourtant il pourrait avoir un grand potentiel. L'Illidari imaginait déjà le genre d'entraînement qu'un tel corps pouvait supporter avant de se briser…
Revenant d'un coup à la réalité, il scruta les environs, légèrement inquiet.
Je sens que je vais encore me faire disputer moi… Peut être que si je disais qu'au loin je l'ai pris pour un de ces cadavres boursouflés à force de croupir au fond d'une mare… Humpf…
Il rangea subitement ses armes, se fit bien droit avant de saluer, comme le sergent Balduin lui avait enseigné, puis posa une main sur son plastron. Il s'était finalement habitué à se couvrir et portait désormais une armure sur la majeure partie de son corps. Un heaume caché le haut de son visage, notamment pour y dissimuler ses yeux percés.
Bienvenue au Beffroi de l'Ost Pourpre, je suis Edenhor. Pardonnez-moi pour cet accueil, je… je n'ai pas une très bonne vue.
Il afficha un léger sourire suite à ce petit trait d'humour avant d'enchaîner.
Je vous ai pris pour l'une de ces horreurs que l'on croise dans les environs...
Il s'approcha à nouveau de l'homme pour ramasser les quelques affaires qui s'étaient éparpillées ; en cause : un premier contact peut-être un poil brutal.
Tenez ! Vous ne semblez pas posséder grand chose mon ami. Recherchez-vous un abri pour la nuit ?
Edenhor pointa du doigt une direction un peu plus au nord.
Il y a une chapelle par là, elle vous offrira le gîte et le couvert contre un peu d'aide, à moins que vous ne soyez pas égaré.
Le démon s'approcha du bûcheron et lui ouvrit le passage vers les grandes portes d'un geste de la main.
L'Ost peut-il vous aider d'une quelconque manière, mon ami ?
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Re: [Candidature] Bragon
Sentant le poids quitter son dos endolori, Bragon cessa de bafouiller, et se redressa alors que son agresseur s'excusait et lui souhaitait la bienvenue. Alors que ses sourcils broussailleux se fronçaient sous l'effet d'une juste colère, et qu'il allait lui cracher une remontrance bien sentie certainement agrémentée d'injurieuses grossièretés, le bûcheron fit l'effort de se calmer. Et puis, il avait l'habitude d'effrayer les gens ; un jour, une petite vieille l'avait même chassé à coup de branche de cerisier en pensant avoir affaire à un wendigo. La vieille aventurière à la retraite était un peu cinglée, avait-il entendu, après s'être perdue quatre mois dans une grotte de Féralas.
Effectivement il savait que la région, pour l'avoir traversée à pieds, avait de quoi rendre méfiant. Voir carrément paranoïaque. Ses traits se détendirent alors qu'il se secouait et s'époussetait -en vain, la terre étant molle et collante. Au lieu de l'incendier, il l'observa de haut en bas, de son regard prudent évoquant un ours acculé dans sa grotte.
Quand il était encore petit, un prêtre itinérant (le Père Jaunan, de son nom) passait chaque semaine dans son hameau pour administrer prières, soins aux hommes et aux bêtes, et apprenait les lettres aux jeunes enfants. C'était un homme profondément gentil et bien intentionné, mais qui communiqua lors de ses leçons toutes ses superstitions aux jeunes pupilles.
L'interlocuteur de Bragon faisait indéniablement parti des "Gens qu'on baigné dans l'chaudron du Mal", comme disait le vieux clerc. Mais le bûcheron vit l'elfe s'excuser, et ramasser ses outils, par terre. Ciseaux à bois, limes, marteau de charpentier, coin, marteau et burin... tous ses outils étaient fait de bois amoureusement tourné et sculpté de scènes champêtres, et d'acier soigneusement affuté et entretenu. Les outils d'un ouvrier, mais aussi d'un homme amoureux des belles choses, du travail bien fait.
Il ravala sa méfiance superstitieuse pour répondre à l'elfe :
- Moi c'est Bragon, monsieur. Il murmurait à peine, timidement et en se tordant les mains, mais sa voix terriblement grave grondait comme le tonnerre, amplifiée par l'énorme coffre de son poitrail d'ogre. Non je... Je suis venu ici pour heu... travailler.
Ces concepts échappaient peut-être à l'être millénaire gavé d'énergies chaotiques qu'était Edenhor, mais n'importe qui d'un peu plus proche de la condition de mortel aurait pu voir que le colosse souffrait d'une extrême fatigue, de faim et de froid, et ne devait probablement sa survie qu'à son impressionnante constitution.
Quand l'elfe l'invita à pénétrer dans l'enceinte d'un geste de bras accueillant, il ne se fit pas prier, et avança de son pas pesant vers l'intérieur.
Effectivement il savait que la région, pour l'avoir traversée à pieds, avait de quoi rendre méfiant. Voir carrément paranoïaque. Ses traits se détendirent alors qu'il se secouait et s'époussetait -en vain, la terre étant molle et collante. Au lieu de l'incendier, il l'observa de haut en bas, de son regard prudent évoquant un ours acculé dans sa grotte.
Quand il était encore petit, un prêtre itinérant (le Père Jaunan, de son nom) passait chaque semaine dans son hameau pour administrer prières, soins aux hommes et aux bêtes, et apprenait les lettres aux jeunes enfants. C'était un homme profondément gentil et bien intentionné, mais qui communiqua lors de ses leçons toutes ses superstitions aux jeunes pupilles.
L'interlocuteur de Bragon faisait indéniablement parti des "Gens qu'on baigné dans l'chaudron du Mal", comme disait le vieux clerc. Mais le bûcheron vit l'elfe s'excuser, et ramasser ses outils, par terre. Ciseaux à bois, limes, marteau de charpentier, coin, marteau et burin... tous ses outils étaient fait de bois amoureusement tourné et sculpté de scènes champêtres, et d'acier soigneusement affuté et entretenu. Les outils d'un ouvrier, mais aussi d'un homme amoureux des belles choses, du travail bien fait.
Il ravala sa méfiance superstitieuse pour répondre à l'elfe :
- Moi c'est Bragon, monsieur. Il murmurait à peine, timidement et en se tordant les mains, mais sa voix terriblement grave grondait comme le tonnerre, amplifiée par l'énorme coffre de son poitrail d'ogre. Non je... Je suis venu ici pour heu... travailler.
Ces concepts échappaient peut-être à l'être millénaire gavé d'énergies chaotiques qu'était Edenhor, mais n'importe qui d'un peu plus proche de la condition de mortel aurait pu voir que le colosse souffrait d'une extrême fatigue, de faim et de froid, et ne devait probablement sa survie qu'à son impressionnante constitution.
Quand l'elfe l'invita à pénétrer dans l'enceinte d'un geste de bras accueillant, il ne se fit pas prier, et avança de son pas pesant vers l'intérieur.
Re: [Candidature] Bragon
Eden fit signe aux sentinelles en haut des remparts et leur adressa quelques mots.
Ouvrez les portes, nous avons un invité !
Les lourds battants du Beffroi s'ouvrirent dans un grondement sourd. Ces grandes portes avaient été récemment rénovées, véritables bijoux d'ingéniosité et d'orfèvrerie naine.
Il se dirigea ensuite vers un râtelier posé non loin de l'entrée et le désigna du doigt.
Si vous avez des armes, veuillez les déposer ici.
Tout du long, il examinait chaque geste et attitude du géant, le jaugeant. Il interpella ensuite un page qui trainait aux écuries non loin de la Grande Porte.
Prends soin des affaires de notre ami et va donc nous chercher des chopes de bière... Ha et de quoi satisfaire deux estomacs affamés... et une serviette avec une bassine aussi. Retrouve-nous dans le petit salon.
Eden s'en retourna vers son convive. Une légère fumée teintée de fiel s'échappait de sous son casque, phénomène qui se produisait chaque fois qu'il se focalisait sur quelque chose ou quelqu'un.
Nous serons au mieux pour discuter sur votre désir de travailler ici. Si cela vous convient, bien entendu.
L'Illidari s'essayait à une gestuelle plus posée, à l'inverse de ses habitudes de prédateur. Il parvenait à maîtriser petit à petit ces comportements bienséants
Ouvrez les portes, nous avons un invité !
Les lourds battants du Beffroi s'ouvrirent dans un grondement sourd. Ces grandes portes avaient été récemment rénovées, véritables bijoux d'ingéniosité et d'orfèvrerie naine.
Il se dirigea ensuite vers un râtelier posé non loin de l'entrée et le désigna du doigt.
Si vous avez des armes, veuillez les déposer ici.
Tout du long, il examinait chaque geste et attitude du géant, le jaugeant. Il interpella ensuite un page qui trainait aux écuries non loin de la Grande Porte.
Prends soin des affaires de notre ami et va donc nous chercher des chopes de bière... Ha et de quoi satisfaire deux estomacs affamés... et une serviette avec une bassine aussi. Retrouve-nous dans le petit salon.
Eden s'en retourna vers son convive. Une légère fumée teintée de fiel s'échappait de sous son casque, phénomène qui se produisait chaque fois qu'il se focalisait sur quelque chose ou quelqu'un.
Nous serons au mieux pour discuter sur votre désir de travailler ici. Si cela vous convient, bien entendu.
L'Illidari s'essayait à une gestuelle plus posée, à l'inverse de ses habitudes de prédateur. Il parvenait à maîtriser petit à petit ces comportements bienséants
Re: [Candidature] Bragon
Tout en évoluant dans l'enceinte de la place forte, Bragon regardait autour de lui sans mot dire. Comme conditionnés par une longue habitude, ses yeux un peu timides fuyaient instinctivement le regard des gens, qui avaient effectivement de quoi être éberlués avec une telle bête de foire, dépassant de facilement deux bonnes têtes les hommes les plus gaillards.
Ses yeux se portaient d'avantage sur le pavage central, sur les ouvrages de maçonnerie et les charpentes, sur les animaux à l'écurie ; il semblait toutefois tendu, le moindre regard pesant un peu trop sur lui le rendait visiblement nerveux.
Il reporta son attention vers l'elfe, toujours un peu intimidé, mais plus vraiment effrayé.
- Heu ... J'ai pas d'armes, fit-il simplement.
Intérieurement, il s'étonna qu'on lui donne du "vous", mais n'en dit rien. Il sursauta quand les portes, soutenues par une admirable mécanique naine, se refermèrent, scellant efficacement - et bruyamment- la place forte contre toute intrusion. Le page fit des yeux ronds en voyant l'énorme barbu s'approcher, mais obéit à la requête de ce que Bragon imaginait être son supérieur. Il eut un mouvement de recul quand le heaume d'Edenhor émit une fumée malsaine, et, avec une petite hésitation dans la voix, répondit :
- Heu je... je vous suis, Monsieur. Il suivit alors l'elfe, et la voix de vieillard du Père Jaunan lui revint dans la tête : "L'Chaudron du Mal, Bragon !". Secrètement, il se signa, frappant son torse d'un vieux geste superstitieux pour se prémunir des mauvais esprits.
Ses yeux se portaient d'avantage sur le pavage central, sur les ouvrages de maçonnerie et les charpentes, sur les animaux à l'écurie ; il semblait toutefois tendu, le moindre regard pesant un peu trop sur lui le rendait visiblement nerveux.
Il reporta son attention vers l'elfe, toujours un peu intimidé, mais plus vraiment effrayé.
- Heu ... J'ai pas d'armes, fit-il simplement.
Intérieurement, il s'étonna qu'on lui donne du "vous", mais n'en dit rien. Il sursauta quand les portes, soutenues par une admirable mécanique naine, se refermèrent, scellant efficacement - et bruyamment- la place forte contre toute intrusion. Le page fit des yeux ronds en voyant l'énorme barbu s'approcher, mais obéit à la requête de ce que Bragon imaginait être son supérieur. Il eut un mouvement de recul quand le heaume d'Edenhor émit une fumée malsaine, et, avec une petite hésitation dans la voix, répondit :
- Heu je... je vous suis, Monsieur. Il suivit alors l'elfe, et la voix de vieillard du Père Jaunan lui revint dans la tête : "L'Chaudron du Mal, Bragon !". Secrètement, il se signa, frappant son torse d'un vieux geste superstitieux pour se prémunir des mauvais esprits.
Modifié en dernier par Bragon le sam. 10 oct., 2020 10:07 am, modifié 1 fois.
Re: [Candidature] Bragon
Edenhor guida son convive dans l'enceinte du Beffroi en direction de la Garnison, plus spécifiquement vers un petit salon légèrement à l'écart.
C'est dans ce bâtiment que vous vivrez la majeure partie de votre temps, si cependant votre utilité venait à être avérée pour nous autres. Installez-vous et permettez que je vous pose quelques questions.
Le vouvoiement commençait lui aussi à devenir naturel pour le chasseur. Il n'avait jamais jugé les hommes sur leurs titres ou leurs apparences après tout.
L'endroit était plutôt sobre : une petite table ronde pouvant accueillir quatre convives et ses chaises, quelques caisses encore scellées et une vieille armoire ayant déjà affronté les affres du temps. Une fenêtre donnait vue sur les écuries où s'affèrent de nombreux pages.
L'Illidari prit un chandelier qu'il plaça au centre de la table. Il souffla dessus, laissant une petite flamme verdâtre en jaillir, donnant une teinte particulière aux ombres de la salle.
Attendez-moi, je reviens rapidement.
Il quitta la salle, laissant le bûcheron un bref instant seul.
Peu de temps après, on entendit un léger bruissement dans le couloir suivi d'une injure à moitié étouffée. Cela ne semblait cependant pas être la voix de l'Edenhor. Une pomme vint rouler jusque dans la salle, stoppant sa course non loin du géant. Le jeune page de tout à l'heure entra et déposa sur la table quelques victuailles : du pain frais, une belle tranche de fromage, quelques pommes mais surtout un saucisson bien appétissant.
Le page s'excusa, oubliant la pomme égarée, et disparut après un bref salut.
C'est dans ce bâtiment que vous vivrez la majeure partie de votre temps, si cependant votre utilité venait à être avérée pour nous autres. Installez-vous et permettez que je vous pose quelques questions.
Le vouvoiement commençait lui aussi à devenir naturel pour le chasseur. Il n'avait jamais jugé les hommes sur leurs titres ou leurs apparences après tout.
L'endroit était plutôt sobre : une petite table ronde pouvant accueillir quatre convives et ses chaises, quelques caisses encore scellées et une vieille armoire ayant déjà affronté les affres du temps. Une fenêtre donnait vue sur les écuries où s'affèrent de nombreux pages.
L'Illidari prit un chandelier qu'il plaça au centre de la table. Il souffla dessus, laissant une petite flamme verdâtre en jaillir, donnant une teinte particulière aux ombres de la salle.
Attendez-moi, je reviens rapidement.
Il quitta la salle, laissant le bûcheron un bref instant seul.
Peu de temps après, on entendit un léger bruissement dans le couloir suivi d'une injure à moitié étouffée. Cela ne semblait cependant pas être la voix de l'Edenhor. Une pomme vint rouler jusque dans la salle, stoppant sa course non loin du géant. Le jeune page de tout à l'heure entra et déposa sur la table quelques victuailles : du pain frais, une belle tranche de fromage, quelques pommes mais surtout un saucisson bien appétissant.
Le page s'excusa, oubliant la pomme égarée, et disparut après un bref salut.
Re: [Candidature] Bragon
Ils pénétrèrent dans l'enceinte de la Garnison, où plusieurs statues d'aspect illustre semblaient surveiller l'entrée, leurs yeux minéraux scrutant le lointain telles des sentinelles immortelles. Bragon demeura silencieux en suivant son hôte, humant une odeur familière, la même qu'il sentait encore quelques semaines plus tôt dans la chapelle de Pentélion. Cette sympathique (et microscopique) bourgade d'Elwynn portait bien son nom : le hameau, et ses vignes, étaient en effet disposés sur une colline pentue, plein Sud, de sorte que le village était en permanence exposé au soleil. Il avait aussi senti cette même odeur de pierre dans les caves, bien aérées, du vigneron qui l'avait embauché pour les vendanges de son cépage particulier. Il se souvient même que...
- C'est dans ce bâtiment que vous vivrez la majeure partie de votre temps, si cependant votre utilité venait à être avérée pour nous autres. Installez-vous et permettez que je vous pose quelques questions.
Sorti de ses pensées, le mastoc répondit confusément :
- Hein ? D'accord... Merci, Monsieur.
Bragon sentit monter une légère inquiétude au fond des tripes : il allait devoir beaucoup parler. Il n'était pas très à l'aise pour ça : le bougre était de nature silencieuse, et la compagnie de ses pairs n'avait jamais vraiment été sa tasse de thé. Il observa la chaise, gracieusement proposée par le redoutable Illidari - qui était devenu nettement plus urbain, au ravissement teinté de méfiance de Bragon.
Il y avait des gens qui ne se posaient pas vraiment de questions, quand ils devaient s'asseoir, ils s'asseyaient, c'était tout. Mais Bragon, étant d'une constitution, disons, modérément délicate, il avait pris l'habitude de s'inquiéter de la solidité des chaises sur lesquelles il projetait de s'asseoir. Plus d'une fois, les infortunés meubles avaient cédé sous son poids. Après un petit coup d'œil circonspect au tabouret, son inquiétude se dissipa, et il posa son séant dessus.
Crrrrrr-rrr-ouic !, hurla le tabouret, pris d'une panique tout à fait inaudible pour les perceptions des êtres de ce plan d'existence.
- Merci répéta-t-il humblement une fois assis. Il eut un mouvement de recul lorsque le chandelier s'embrasa d'une lueur malsaine, mais n'osa pas s'en aller, de peur de paraître peureux, ou malpoli. Il resta un moment crispé, jusqu'à ce que le guerrier-démon le laisse seul. Il marmonna une prière, un peu impressionné par la lumière glauque.
Puis, il secoua la tête. Il avait déjà eu le trouillomètre à zéro tout à l'heure, il était temps de se ressaisir. Ces gens n'allaient sans doute pas embaucher une grosse poule mouillée. Il avait bien cherché à changer de vie... il allait devoir se faire aux nouveautés.
Après ces pensées, une fois seul, il eut un long soupir de confort, puis posa son énorme patte sur la table. Il la caressa, la gratta machinalement, appréciant le grain et l'usure du bois, et le beau travail de l'artisan. C'était simple et solide. Le charme de l'objet était encore renforcé par les multiples traces et sillons, autant de cicatrices encore chaudes de la vie en caserne.
Soudain, un juron. Bragon se retourna vers l'origine du bruit, pas trop inquiet. On aurait dit une bousculade. Il se pencha pour ramasser la pomme, qui roula alors devant ses yeux. Avant qu'il n'ait eu le temps de la prendre, il tomba nez à nez avec le jeune homme de tout à l'heure, chargé de victuailles. Le page était trop poli pour le montrer, mais le costaud avait trop l'habitude pour ne pas le voir : Bragon foutait les foies.
- Excusez moi ... bredouilla le garçon, avec un effort louable pour ne pas se montrer malpoli.
- Bah... Pas grave. assura gentiment l'ogre, de son invraisemblable voix grave. Il suivit les victuailles d'un regard plein d'appétit, se rappelant soudain qu'il avait une faim de loup. Il fut pris d'un élan de reconnaissance : Merci beau... Ah. Mais il était déjà parti.
Sans plus de cérémonie, Bragon se mit à table. Il avait entendu quelque part que, quand on avait vraiment très faim, il fallait manger doucement. Il s'y attela donc, faisant peu à peu disparaître le solide repas dans le gouffre noir et emmêlé de sa barbe, où l'on ne voyait pas sa bouche.
- C'est dans ce bâtiment que vous vivrez la majeure partie de votre temps, si cependant votre utilité venait à être avérée pour nous autres. Installez-vous et permettez que je vous pose quelques questions.
Sorti de ses pensées, le mastoc répondit confusément :
- Hein ? D'accord... Merci, Monsieur.
Bragon sentit monter une légère inquiétude au fond des tripes : il allait devoir beaucoup parler. Il n'était pas très à l'aise pour ça : le bougre était de nature silencieuse, et la compagnie de ses pairs n'avait jamais vraiment été sa tasse de thé. Il observa la chaise, gracieusement proposée par le redoutable Illidari - qui était devenu nettement plus urbain, au ravissement teinté de méfiance de Bragon.
Il y avait des gens qui ne se posaient pas vraiment de questions, quand ils devaient s'asseoir, ils s'asseyaient, c'était tout. Mais Bragon, étant d'une constitution, disons, modérément délicate, il avait pris l'habitude de s'inquiéter de la solidité des chaises sur lesquelles il projetait de s'asseoir. Plus d'une fois, les infortunés meubles avaient cédé sous son poids. Après un petit coup d'œil circonspect au tabouret, son inquiétude se dissipa, et il posa son séant dessus.
Crrrrrr-rrr-ouic !, hurla le tabouret, pris d'une panique tout à fait inaudible pour les perceptions des êtres de ce plan d'existence.
- Merci répéta-t-il humblement une fois assis. Il eut un mouvement de recul lorsque le chandelier s'embrasa d'une lueur malsaine, mais n'osa pas s'en aller, de peur de paraître peureux, ou malpoli. Il resta un moment crispé, jusqu'à ce que le guerrier-démon le laisse seul. Il marmonna une prière, un peu impressionné par la lumière glauque.
Puis, il secoua la tête. Il avait déjà eu le trouillomètre à zéro tout à l'heure, il était temps de se ressaisir. Ces gens n'allaient sans doute pas embaucher une grosse poule mouillée. Il avait bien cherché à changer de vie... il allait devoir se faire aux nouveautés.
Après ces pensées, une fois seul, il eut un long soupir de confort, puis posa son énorme patte sur la table. Il la caressa, la gratta machinalement, appréciant le grain et l'usure du bois, et le beau travail de l'artisan. C'était simple et solide. Le charme de l'objet était encore renforcé par les multiples traces et sillons, autant de cicatrices encore chaudes de la vie en caserne.
Soudain, un juron. Bragon se retourna vers l'origine du bruit, pas trop inquiet. On aurait dit une bousculade. Il se pencha pour ramasser la pomme, qui roula alors devant ses yeux. Avant qu'il n'ait eu le temps de la prendre, il tomba nez à nez avec le jeune homme de tout à l'heure, chargé de victuailles. Le page était trop poli pour le montrer, mais le costaud avait trop l'habitude pour ne pas le voir : Bragon foutait les foies.
- Excusez moi ... bredouilla le garçon, avec un effort louable pour ne pas se montrer malpoli.
- Bah... Pas grave. assura gentiment l'ogre, de son invraisemblable voix grave. Il suivit les victuailles d'un regard plein d'appétit, se rappelant soudain qu'il avait une faim de loup. Il fut pris d'un élan de reconnaissance : Merci beau... Ah. Mais il était déjà parti.
Sans plus de cérémonie, Bragon se mit à table. Il avait entendu quelque part que, quand on avait vraiment très faim, il fallait manger doucement. Il s'y attela donc, faisant peu à peu disparaître le solide repas dans le gouffre noir et emmêlé de sa barbe, où l'on ne voyait pas sa bouche.
Re: [Candidature] Bragon
Le Page revint rapidement et déposa une bassine d'eau tiède au sol près des caisses, mais surtout deux pintes généreusement remplies sur la table.
Je… Hum… Monsieur ? Voulez-vous que je rallume les bougies d'une couleur plus classique ? Je sais que ce… cette couleur incommode les gens…
Sans attendre une réponse, il souffla avec empressement les chandelles avant de s'en emparer, plongeant la petite pièce dans une semi obscurité. Il s'éclipsa un court instant, avant de réapparaître, fier et tout sourire, un chandelier aux teintes apaisantes à la main. Il semblait déjà nettement moins inquiet.
Voilà ! J'espère que tout se passera bien pour vous, dit-il en jetant nerveusement un coup d'œil en direction du couloir.
Vous avez l'air fort ; on a toujours besoin de renforts vous savez…
Mais entendant des bruits de pas se rapprocher, le Page ne fit pas de vieux os et fila expressément.
Peu de temps après, Edenhor réapparut, tenant dans ses mains ce qui semblait être un nécessaire d'écriture qu'il déposa sur un coin de table. Il ôta ensuite son casque, dévoilant en partie un visage marqué bien qu'à moitié caché par un solide bout de tissu posé sur les yeux. La fumée qui s'en échappait n'en était que plus visible.
J'espère que vous n'avez pas tout dévoré, je n'ai pas eut le loisir de manger correctement encore. La chair arrachée sur mes dernières proies n'étaient pas des plus raffinées.
L'Illidari s'empressa d'engloutir un peu de charcuterie et de rincer le tout d'une manière peu convenable.
Haaaa ! c'est pas si mal, qu'en penses-tu ? Eden bascula la tête en arrière et la secoua légèrement.
Vous... qu'en pensez-vous ?
Attrapant une pomme, son attention se focalisa à nouveau sur le bûcheron. L'ambiance était pesante au seul son de la mastication du démon. Quelques rires au loin, provenant d'un autre salon rappelèrent toutefois au géant que l'endroit était bien habité par des hommes et des femmes aux conversations plus plaisantes.
Je… Hum… Monsieur ? Voulez-vous que je rallume les bougies d'une couleur plus classique ? Je sais que ce… cette couleur incommode les gens…
Sans attendre une réponse, il souffla avec empressement les chandelles avant de s'en emparer, plongeant la petite pièce dans une semi obscurité. Il s'éclipsa un court instant, avant de réapparaître, fier et tout sourire, un chandelier aux teintes apaisantes à la main. Il semblait déjà nettement moins inquiet.
Voilà ! J'espère que tout se passera bien pour vous, dit-il en jetant nerveusement un coup d'œil en direction du couloir.
Vous avez l'air fort ; on a toujours besoin de renforts vous savez…
Mais entendant des bruits de pas se rapprocher, le Page ne fit pas de vieux os et fila expressément.
Peu de temps après, Edenhor réapparut, tenant dans ses mains ce qui semblait être un nécessaire d'écriture qu'il déposa sur un coin de table. Il ôta ensuite son casque, dévoilant en partie un visage marqué bien qu'à moitié caché par un solide bout de tissu posé sur les yeux. La fumée qui s'en échappait n'en était que plus visible.
J'espère que vous n'avez pas tout dévoré, je n'ai pas eut le loisir de manger correctement encore. La chair arrachée sur mes dernières proies n'étaient pas des plus raffinées.
L'Illidari s'empressa d'engloutir un peu de charcuterie et de rincer le tout d'une manière peu convenable.
Haaaa ! c'est pas si mal, qu'en penses-tu ? Eden bascula la tête en arrière et la secoua légèrement.
Vous... qu'en pensez-vous ?
Attrapant une pomme, son attention se focalisa à nouveau sur le bûcheron. L'ambiance était pesante au seul son de la mastication du démon. Quelques rires au loin, provenant d'un autre salon rappelèrent toutefois au géant que l'endroit était bien habité par des hommes et des femmes aux conversations plus plaisantes.
Re: [Candidature] Bragon
Voilà ! J'espère que tout se passera bien pour vous, dit le page.
Bragon grogna approbativement vers le jeune homme, pas mécontent d'être débarrassé de cette lumière malaisante, qui démangeait les yeux.
"Ah ben, voilà, je me disais bien qu'il était louche, ce type", se dit-il en son for intérieur, comprenant que le garçon aussi était effrayé par l'Illidari. Il n'était pas fou !
- Merci, gronda la voix l'ogre en un murmure.
Vous avez l'air fort ; on a toujours besoin de renforts vous savez… Bragon hocha du chef, la mine quelque peu assombrie. Effectivement, Bragon avait une force de géant. Il ne pouvait jamais vraiment tenir un verre ou une tasse dans sa main sans l'éclater en mille morceaux et il y avait bien longtemps qu'il avait renoncé à serrer la main aux gens. Il ne s'en rendait pas compte, et il avait toujours l'impression d'être un cheval ivre mort dans une échoppe de potier. Cette force était à bien des égards une malédiction, et pas seulement pour les articles de verrerie.
Alors qu'il ressassait de mauvais souvenirs, Edenhor refit son apparition.
- J'espère que vous n'avez pas tout dévoré, je n'ai pas eut le loisir de manger correctement encore. La chair arrachée sur mes dernières proies n'étaient pas des plus raffinées.
Pour la toute première fois de toute son existence, Bragon ne termina pas son repas. Il n'était ni délicat, ni difficile sur la nourriture, ni facile à dégoûter, loin de là. Mais à écouter parler l'elfe de chair arrachée, il repensa aux sales zombies pourris et déliquescents qu'il avait fuit plus tôt dans la journée. A entendre la mastication bestiale d'Edenhor, une hideuse image lui vint soudainement en tête : il l'imagina mâcher les dents des goules puantes. Les vieilles dents mortes, noires et jaunes, friables et puantes, écrasées sous les dents de l'elfe. Cette image mentale absolument répugnante, associée à la fumée noire malsaine suintant derrière le tissu eut raison de son appétit.
De toute façon, il en était rendu au stade de la gourmandise, il avait déjà mangé presque à satiété. Secouant la tête, il dit :
- Non... j'en ai laissé. fit-il, toujours avare de mots. Il poussa doucement d'un revers de main les denrées restantes vers lui. Par contre, il nota bien la présence de la bière et comptait bien la boire, ça lui faisait envie. Il la laissa reposer un peu pour le moment, attrapant plutôt le linge et la petite bassine d'eau tiède. Il se rinça un peu le visage, la barbe, puis nettoya ses doigts aux ongles crottés par le voyage. Il procéda très calmement, écoutant l'elfe.
- Vous... Qu'en pensez-vous ?
Bragon fut un peu désorienté par l'hésitation entre le vous et le tu, et se rappela soudainement que, comme lui, dans un autre registre, le Chasseur de Démons était un marginal, un paria. Cette idée eût pour effet d'adoucir un peu le grand gaillard. Les rires et voix lointaine dans les coursives, associés à sa digestion en marche achevèrent de le détendre.
- C'était bon, merci, ça fait du bien. Et il attrapa finalement sa chope, et bût - un peu vite. En effet, il était habitué aux bières de labeur, légères et claires, des paysans, que l'on buvait à grandes rasades à la place de l'eau, cette dernière ayant tendance à rendre malade. Celle-ci était une vraie bière, plus forte, issue d'un brassin qui allait mieux aux soldats et aux pays froids. Hrm, toussota-t-il, en épongeant l'énorme toison noire qui lui servait de barbe. Il fut surpris, mais pas désagréablement, par la richesse maltée et réconfortante du breuvage. Une vraie bière, avec du malt d'orge ! C'était pas souvent. Ouais... Et puis la bière est bonne, ajouta le gaillard, avec un grognement appréciateur. Il sentait ses oreilles chauffer un peu, plus à l'aise. Ca se sentait dans sa voix, et l'elfe allait pouvoir profiter de son état plus loquace...
Bragon grogna approbativement vers le jeune homme, pas mécontent d'être débarrassé de cette lumière malaisante, qui démangeait les yeux.
"Ah ben, voilà, je me disais bien qu'il était louche, ce type", se dit-il en son for intérieur, comprenant que le garçon aussi était effrayé par l'Illidari. Il n'était pas fou !
- Merci, gronda la voix l'ogre en un murmure.
Vous avez l'air fort ; on a toujours besoin de renforts vous savez… Bragon hocha du chef, la mine quelque peu assombrie. Effectivement, Bragon avait une force de géant. Il ne pouvait jamais vraiment tenir un verre ou une tasse dans sa main sans l'éclater en mille morceaux et il y avait bien longtemps qu'il avait renoncé à serrer la main aux gens. Il ne s'en rendait pas compte, et il avait toujours l'impression d'être un cheval ivre mort dans une échoppe de potier. Cette force était à bien des égards une malédiction, et pas seulement pour les articles de verrerie.
Alors qu'il ressassait de mauvais souvenirs, Edenhor refit son apparition.
- J'espère que vous n'avez pas tout dévoré, je n'ai pas eut le loisir de manger correctement encore. La chair arrachée sur mes dernières proies n'étaient pas des plus raffinées.
Pour la toute première fois de toute son existence, Bragon ne termina pas son repas. Il n'était ni délicat, ni difficile sur la nourriture, ni facile à dégoûter, loin de là. Mais à écouter parler l'elfe de chair arrachée, il repensa aux sales zombies pourris et déliquescents qu'il avait fuit plus tôt dans la journée. A entendre la mastication bestiale d'Edenhor, une hideuse image lui vint soudainement en tête : il l'imagina mâcher les dents des goules puantes. Les vieilles dents mortes, noires et jaunes, friables et puantes, écrasées sous les dents de l'elfe. Cette image mentale absolument répugnante, associée à la fumée noire malsaine suintant derrière le tissu eut raison de son appétit.
De toute façon, il en était rendu au stade de la gourmandise, il avait déjà mangé presque à satiété. Secouant la tête, il dit :
- Non... j'en ai laissé. fit-il, toujours avare de mots. Il poussa doucement d'un revers de main les denrées restantes vers lui. Par contre, il nota bien la présence de la bière et comptait bien la boire, ça lui faisait envie. Il la laissa reposer un peu pour le moment, attrapant plutôt le linge et la petite bassine d'eau tiède. Il se rinça un peu le visage, la barbe, puis nettoya ses doigts aux ongles crottés par le voyage. Il procéda très calmement, écoutant l'elfe.
- Vous... Qu'en pensez-vous ?
Bragon fut un peu désorienté par l'hésitation entre le vous et le tu, et se rappela soudainement que, comme lui, dans un autre registre, le Chasseur de Démons était un marginal, un paria. Cette idée eût pour effet d'adoucir un peu le grand gaillard. Les rires et voix lointaine dans les coursives, associés à sa digestion en marche achevèrent de le détendre.
- C'était bon, merci, ça fait du bien. Et il attrapa finalement sa chope, et bût - un peu vite. En effet, il était habitué aux bières de labeur, légères et claires, des paysans, que l'on buvait à grandes rasades à la place de l'eau, cette dernière ayant tendance à rendre malade. Celle-ci était une vraie bière, plus forte, issue d'un brassin qui allait mieux aux soldats et aux pays froids. Hrm, toussota-t-il, en épongeant l'énorme toison noire qui lui servait de barbe. Il fut surpris, mais pas désagréablement, par la richesse maltée et réconfortante du breuvage. Une vraie bière, avec du malt d'orge ! C'était pas souvent. Ouais... Et puis la bière est bonne, ajouta le gaillard, avec un grognement appréciateur. Il sentait ses oreilles chauffer un peu, plus à l'aise. Ca se sentait dans sa voix, et l'elfe allait pouvoir profiter de son état plus loquace...
Re: [Candidature] Bragon
Une fois la pomme engloutie, Edenhor arrangea soigneusement devant lui les affaires qu'il avait déposé tantôt. Notamment le petit encrier qui a son ouverture laissa échapper une odeur particulière, acre. Ce n'était cependant pas le plus étrange : l'encre ainsi dévoilée semblait émettre une légère lueur.
L'Illidari regarda un instant le chandelier devant lui, approchant doucement ses doigts des flammes comme pour les caresser.
J'ai pu constater que ma présence semblait vous déranger. Laissez-moi vous dire une chose.
Les volutes de fumée qui s'échappaient des orbites de l'elfe s'intensifièrent, à tel point que tout son corps semblait transpirer cette vapeur.
Si nous parvenons vous et moi à nous entendre, et si par la suite vous parvenez à plaire à mes supérieurs, alors nous serons frères. Et parmi tous les frères que vous aurez, je serai le moins à craindre. En ces lieux, j'ai pu retrouver une place, un but, une nouvelle famille. Parmi ces frères, nul n'a le même désir. Car même si un but commun nous lie, la plupart possède une vie propre et des envies. Un passé à protéger ou une vengeance à donner. La seule chose qui m'importe, outre notre raison de combattre, c'est de les protéger car je ne possède rien d'autres que ces frères aujourd'hui, moi qui n'était rien.
Edenhor attendit un court instant avant de poursuivre.
Si je ne me trompe pas, vous vous nommez Bragon et vous êtes bûcheron. Vous semblez avoir fait un long voyage pour nous trouver. Dites-moi pourquoi, alors que le courage ne semble pas habiter ce corps de géant, vous vous présentez à nous ?
Le démon plongea sa plume dans l'encre luminescente et s'apprêta à noter tout détail qui lui paraîtrait important pour ses supérieurs.
L'Illidari regarda un instant le chandelier devant lui, approchant doucement ses doigts des flammes comme pour les caresser.
J'ai pu constater que ma présence semblait vous déranger. Laissez-moi vous dire une chose.
Les volutes de fumée qui s'échappaient des orbites de l'elfe s'intensifièrent, à tel point que tout son corps semblait transpirer cette vapeur.
Si nous parvenons vous et moi à nous entendre, et si par la suite vous parvenez à plaire à mes supérieurs, alors nous serons frères. Et parmi tous les frères que vous aurez, je serai le moins à craindre. En ces lieux, j'ai pu retrouver une place, un but, une nouvelle famille. Parmi ces frères, nul n'a le même désir. Car même si un but commun nous lie, la plupart possède une vie propre et des envies. Un passé à protéger ou une vengeance à donner. La seule chose qui m'importe, outre notre raison de combattre, c'est de les protéger car je ne possède rien d'autres que ces frères aujourd'hui, moi qui n'était rien.
Edenhor attendit un court instant avant de poursuivre.
Si je ne me trompe pas, vous vous nommez Bragon et vous êtes bûcheron. Vous semblez avoir fait un long voyage pour nous trouver. Dites-moi pourquoi, alors que le courage ne semble pas habiter ce corps de géant, vous vous présentez à nous ?
Le démon plongea sa plume dans l'encre luminescente et s'apprêta à noter tout détail qui lui paraîtrait important pour ses supérieurs.
Re: [Candidature] Bragon
Cette fois, Bragon ne fit pas les effarouchées lorsqu'il fut témoin d'un nouveau truc magique. Il se contenta de regarder sa bière, et, au passage, d'en avaler une bonne rasade.
- J'ai pu constater que ma présence semblait vous déranger.
- Heu... non, mais... bafouilla le costaud.
- Laissez-moi vous dire une chose. Il lui laissa lui dire une chose, du coup, regardant dans les plis de tissus où étaient sensés être ses yeux - comment voyait-il sans, d'ailleurs ? Alors qu'il venait seulement de comprendre la blague d'Edenhor, plusieurs instants plus tôt devant la porte principale lors de leur douloureuse rencontre, la fumée maléfique se remit à suinter de partout, affolant à nouveau le trouillomètre de Bragon.
- Si nous parvenons vous et moi à nous entendre, et si par la suite vous parvenez à plaire à mes supérieurs, alors nous serons frères. Et parmi tous les frères que vous aurez, je serai le moins à craindre. En ces lieux, j'ai pu retrouver une place, un but, une nouvelle famille. Parmi ces frères, nul n'a le même désir. Car même si un but commun nous lie, la plupart possèdent une vie propre et des envies. Un passé à protéger ou une vengeance à donner. La seule chose qui m'importe, outre notre raison de combattre, c'est de les protéger car je ne possède rien d'autres que ces frères aujourd'hui, moi qui n'était rien.
Moi qui n'était rien. Lui non plus, n'était rien. Un fils de rien, sans père, sans mère et sans amis. Il écouta le demi-démon, tandis que ses gros doigts fourrageaient sa barbe dans un "scritch, scroutch" sonore.
- Si je ne me trompe pas, vous vous nommez Bragon et vous êtes bûcheron. Vous semblez avoir fait un long voyage pour nous trouver.
- Oui, monsieur.
- Dites-moi pourquoi, alors que le courage ne semble pas habiter ce corps de géant, vous vous présentez à nous ?
Attends, il vient de me traiter de baltringue ?
Vexé, il baissa les yeux sur sa bière en émettant un grognement contrarié. Pas courageux ? Il venait de s'enfiler tout le voyage à pieds, affronté des monstres et des zombies, failli mourir de faim pour filer vers un avenir incertain, et il n'était pas courageux ?
- Heu ...
Peut-être n'avait-il pas un courage guerrier, bien qu'il avait déjà aidé la milice locale à débarrasser la cave d'une auberge de quelques murlocs ivres morts, mais ça n'avait rien à voir avec les monstres qu'il y avait ici. Se battre ne lui avait jamais vraiment attiré que des ennuis. Non, son courage n'était pas tempétueux et héroïque. Son courage à lui, c'était la petite voix dans sa tête, qui, chaque matin, lui donnait la force de supporter la journée à venir. Il décida de ravaler sa fierté pour continuer, sa voix d'ogre grondant avec une régularité tranquille :
- Je suis pas un soldat. Je viens d'Elwynn, je suis... (il soupira, faisant un geste d'énumération de la main)... Bûcheron, ouvrier, charpentier, journalier, vendangeur, terrassier, maçon... Tout ce qui passe. Avec la guerre, y'a besoin de bras partout, et ça fait un moment que ça dure.
Nouvelle gorgée de bière. Il marqua une pause, et sa voix lança avec un certain éclat d'humeur :
- Sauf que voilà, je fous la trouille aux gens. Alors après y'a ceux qui sont bêtes ... et ceux qui sont méchants.
Il grogna, trépigna un peu sur son tabouret meurtri, puis continua à contrecœur, d'une voix sombre :
- J'ai eu des ennuis quand j'étais plus jeune. Ca m'suit, maintenant.
Il n'était pas facile de tirer les vers du nez d'un gars comme Bragon. Il était évident qu'il souffrait de certaines lacunes sociales, que n'avaient pas les gens bien entourés. Il ne comprenait pas forcément ce qu'on attendait de lui tout de suite, preuve d'un certain manque d'habitude aux dialogues. Il allait falloir gratter un peu.
- J'ai pu constater que ma présence semblait vous déranger.
- Heu... non, mais... bafouilla le costaud.
- Laissez-moi vous dire une chose. Il lui laissa lui dire une chose, du coup, regardant dans les plis de tissus où étaient sensés être ses yeux - comment voyait-il sans, d'ailleurs ? Alors qu'il venait seulement de comprendre la blague d'Edenhor, plusieurs instants plus tôt devant la porte principale lors de leur douloureuse rencontre, la fumée maléfique se remit à suinter de partout, affolant à nouveau le trouillomètre de Bragon.
- Si nous parvenons vous et moi à nous entendre, et si par la suite vous parvenez à plaire à mes supérieurs, alors nous serons frères. Et parmi tous les frères que vous aurez, je serai le moins à craindre. En ces lieux, j'ai pu retrouver une place, un but, une nouvelle famille. Parmi ces frères, nul n'a le même désir. Car même si un but commun nous lie, la plupart possèdent une vie propre et des envies. Un passé à protéger ou une vengeance à donner. La seule chose qui m'importe, outre notre raison de combattre, c'est de les protéger car je ne possède rien d'autres que ces frères aujourd'hui, moi qui n'était rien.
Moi qui n'était rien. Lui non plus, n'était rien. Un fils de rien, sans père, sans mère et sans amis. Il écouta le demi-démon, tandis que ses gros doigts fourrageaient sa barbe dans un "scritch, scroutch" sonore.
- Si je ne me trompe pas, vous vous nommez Bragon et vous êtes bûcheron. Vous semblez avoir fait un long voyage pour nous trouver.
- Oui, monsieur.
- Dites-moi pourquoi, alors que le courage ne semble pas habiter ce corps de géant, vous vous présentez à nous ?
Attends, il vient de me traiter de baltringue ?
Vexé, il baissa les yeux sur sa bière en émettant un grognement contrarié. Pas courageux ? Il venait de s'enfiler tout le voyage à pieds, affronté des monstres et des zombies, failli mourir de faim pour filer vers un avenir incertain, et il n'était pas courageux ?
- Heu ...
Peut-être n'avait-il pas un courage guerrier, bien qu'il avait déjà aidé la milice locale à débarrasser la cave d'une auberge de quelques murlocs ivres morts, mais ça n'avait rien à voir avec les monstres qu'il y avait ici. Se battre ne lui avait jamais vraiment attiré que des ennuis. Non, son courage n'était pas tempétueux et héroïque. Son courage à lui, c'était la petite voix dans sa tête, qui, chaque matin, lui donnait la force de supporter la journée à venir. Il décida de ravaler sa fierté pour continuer, sa voix d'ogre grondant avec une régularité tranquille :
- Je suis pas un soldat. Je viens d'Elwynn, je suis... (il soupira, faisant un geste d'énumération de la main)... Bûcheron, ouvrier, charpentier, journalier, vendangeur, terrassier, maçon... Tout ce qui passe. Avec la guerre, y'a besoin de bras partout, et ça fait un moment que ça dure.
Nouvelle gorgée de bière. Il marqua une pause, et sa voix lança avec un certain éclat d'humeur :
- Sauf que voilà, je fous la trouille aux gens. Alors après y'a ceux qui sont bêtes ... et ceux qui sont méchants.
Il grogna, trépigna un peu sur son tabouret meurtri, puis continua à contrecœur, d'une voix sombre :
- J'ai eu des ennuis quand j'étais plus jeune. Ca m'suit, maintenant.
Il n'était pas facile de tirer les vers du nez d'un gars comme Bragon. Il était évident qu'il souffrait de certaines lacunes sociales, que n'avaient pas les gens bien entourés. Il ne comprenait pas forcément ce qu'on attendait de lui tout de suite, preuve d'un certain manque d'habitude aux dialogues. Il allait falloir gratter un peu.
Re: [Candidature] Bragon
Votre cœur… quelque chose dans votre corps a réagit à mes mots lorsque je vous ai traité d'homme sans courage.
Edenhor sourit, satisfait.
Contrairement à vous, j'ai beaucoup de mal à refreiner mes émotions. Les faire jaillir est en quelques sortes un soulagement. Mon corps est une prison qui renferme des pulsions destructrices. Mes pensées ne sont pas qu'à moi. Elles se partagent, se mêlent, s'altèrent avec la créature scellée en moi. Il m'arrive de trouver ce corps étranger, de ne pas savoir si c'est moi ou lui qui aime ou exècre… C'est la volonté qui me permet de le vaincre. Mes mots vous ont énervé mais vous avez su taire cela. Cependant, ici, nous sommes sur le pied de guerre et des hommes et femmes au passé lourd, il y en a. Nous ne sommes pas toujours tendres entre nous.
De ce fait, si je vous traite de faible, qu'avez-vous à me répondre ? Vous avez fait tout ce voyage pour quoi ? Nous ne recherchons pas de simples hommes, nous cherchons ceux qui délivreront ces Terres et qui sauront faire face à une horreur parfois indescriptible, notamment pour les êtres de votre race. Alors, qu'êtes-vous ?
Edenhor sourit, satisfait.
Contrairement à vous, j'ai beaucoup de mal à refreiner mes émotions. Les faire jaillir est en quelques sortes un soulagement. Mon corps est une prison qui renferme des pulsions destructrices. Mes pensées ne sont pas qu'à moi. Elles se partagent, se mêlent, s'altèrent avec la créature scellée en moi. Il m'arrive de trouver ce corps étranger, de ne pas savoir si c'est moi ou lui qui aime ou exècre… C'est la volonté qui me permet de le vaincre. Mes mots vous ont énervé mais vous avez su taire cela. Cependant, ici, nous sommes sur le pied de guerre et des hommes et femmes au passé lourd, il y en a. Nous ne sommes pas toujours tendres entre nous.
De ce fait, si je vous traite de faible, qu'avez-vous à me répondre ? Vous avez fait tout ce voyage pour quoi ? Nous ne recherchons pas de simples hommes, nous cherchons ceux qui délivreront ces Terres et qui sauront faire face à une horreur parfois indescriptible, notamment pour les êtres de votre race. Alors, qu'êtes-vous ?
Re: [Candidature] Bragon
Votre cœur… quelque chose dans votre corps a réagit à mes mots lorsque je vous ai traité d'homme sans courage.
- Sans blague ? Répondit-il comme en aparté, un peu agacé.
Il l'écouta parler de son épouvantable condition de prison vivante, ne comprenant qu'une maigre moitié des notions abstraites employées par Edenhor. Mais il n'avait pas du tout compris où il voulait en venir.
Bragon ne comprenait pas ce que l'elfe attendait de lui, il était consterné et un peu perplexe. Il s'était efforcé de répondre à ses premières interrogation, et voilà qu'il lui donnait l'impression d'avoir répondu à côté. Le démesuré bûcheron était complètement perdu face au monologue et à la rafale de questions.
De ce fait, si je vous traite de faible, qu'avez-vous à me répondre ? Bragon trouvait ça gonflé ! Mais encore une fois, Bragon n'était pas très doué pour les mots :
- Eh ben... ! Commença-t-il en élevant le ton, les sourcils froncés. Mais l'elfe continua :
Vous avez fait tout ce voyage pour quoi ?
- Ben, pour trouver du travail ! gronda-t-il, s'emportant un peu. La cadence des mots de l'Illidari le mettaient extrêmement mal à l'aise. On aurait dit un interrogatoire.
- Nous ne recherchons pas de simples hommes, nous cherchons ceux qui délivreront ces Terres et qui sauront faire face à une horreur parfois indescriptible, notamment pour les êtres de votre race. Alors, qu'êtes-vous ? Bragon fit un geste de colère et de raz-le-bol par dessus la tête avec sa grosse main, laissant éclater :
- MAIS J'EN SAIS RIEN ! Un foutu bûcheron, comme j'vous l'ai dit tout à l'heure, p'têt' bien !
Il détestait être ainsi brusqué, ça l'angoissait et ça n'était pas du tout la bonne méthode pour un dialogue constructif.
- Sans blague ? Répondit-il comme en aparté, un peu agacé.
Il l'écouta parler de son épouvantable condition de prison vivante, ne comprenant qu'une maigre moitié des notions abstraites employées par Edenhor. Mais il n'avait pas du tout compris où il voulait en venir.
Bragon ne comprenait pas ce que l'elfe attendait de lui, il était consterné et un peu perplexe. Il s'était efforcé de répondre à ses premières interrogation, et voilà qu'il lui donnait l'impression d'avoir répondu à côté. Le démesuré bûcheron était complètement perdu face au monologue et à la rafale de questions.
De ce fait, si je vous traite de faible, qu'avez-vous à me répondre ? Bragon trouvait ça gonflé ! Mais encore une fois, Bragon n'était pas très doué pour les mots :
- Eh ben... ! Commença-t-il en élevant le ton, les sourcils froncés. Mais l'elfe continua :
Vous avez fait tout ce voyage pour quoi ?
- Ben, pour trouver du travail ! gronda-t-il, s'emportant un peu. La cadence des mots de l'Illidari le mettaient extrêmement mal à l'aise. On aurait dit un interrogatoire.
- Nous ne recherchons pas de simples hommes, nous cherchons ceux qui délivreront ces Terres et qui sauront faire face à une horreur parfois indescriptible, notamment pour les êtres de votre race. Alors, qu'êtes-vous ? Bragon fit un geste de colère et de raz-le-bol par dessus la tête avec sa grosse main, laissant éclater :
- MAIS J'EN SAIS RIEN ! Un foutu bûcheron, comme j'vous l'ai dit tout à l'heure, p'têt' bien !
Il détestait être ainsi brusqué, ça l'angoissait et ça n'était pas du tout la bonne méthode pour un dialogue constructif.